- Rethel
- Gravure tirée du "Gouvernement de Champagne", reproduite dans l’article "Rethel" de wikipédia
Jacques et Etienne BROUHET, tous deux mariés, ont eu chacun plusieurs enfants vers 1720-1740, mais avec une descendance assez limitée, au moins chez les généalogistes amateurs contemporains : une requête dans Généanet, sur « Jacques Brouhet » ou sur « Etienne Brouhet » dans les Ardennes entre 1600 et 1800 nous oriente sur une grosse vingtaine d’arbres familiaux, souvent centrés sur la Réunion, un petit fils de Jacques ayant émigré dans cette île dans les années 1770.
Mais Jacques ne m’était connu que par les actes de baptême de ses dix enfants (ou par leurs actes de mariage ou de décès), Etienne s’étant marié en 1723 en présence de son frère, avec un acte filiatif précisant ses parents (François Brouhet et Anne Coursier) mais pas son origine. En tout, une vingtaine d’actes bien documentés, avec des signatures caractéristiques pour Jacques et pour Etienne, mentionnant souvent le lien familial, notamment des parrains ou des marraines, mais aucune piste antérieure à 1720.
C’est finalement par une requête sur « François Brouhet » (dans Généanet, sur la France entière), que j’ai retrouvé leur origine à Semur-en-Auxois, à 300 km de Rethel…
- Semur-en-Auxois, gravure de Joachim Duviert en 1611
- Gravure tirée de l’ouvrage d’Ernest Petit, Histoire des ducs de Bourgogne de la race capétienne avec des documents inédits et des pièces justificatives, Paris, Librairie Lechevalier 1885-1905
A partir de là, les choses se sont clarifiées : les Brouhet étaient une famille de « couvreurs en tuile » à Semur, au XVIIe, sur trois générations au moins (le père de Jacques et d’Etienne étant menuisier), et les actes de baptêmes probables de Jacques (en 1683) et d’Etienne (en 1700), retrouvés.
Acte de baptême de Jacques BROUHET, 5 sept. 1683, Semur-en-Auxois (Côte d’Or) |
L’aîné, Jacques, migre donc probablement dans les années 1700-1710 dans la région de Rethel, où il se marie avec une demoiselle Mouron. Ensuite, il fait venir son jeune frère, qui se marie également avec une demoiselle Mouron (une sœur, ou une cousine ?).
Mais une autre question apparaît… Comment un fils d’artisan d’une petite cité bourguignonne a-t-il pu migrer et occuper une charge administrative d’un bourg rural de la région de Rethel ? Qu’est-ce qui relie Semur et Wasigny ?
Mon hypothèse, que j’aimerais échanger avec vous et avec les généalogistes plus expérimentés qui fréquentent votre site, repose sur quelques observations :
Semur et Wasigny (ou Rethel) sont sur une route quasiment rectiligne qui mène de Lyon à Bruxelles et aux Flandres, en passant par Beaune (ou par Autun), Troyes, Reims, Rocroi et Charleroi ; à noter que Rethel et Wasigny sont rattachés au diocèse de Reims.
Semur et Wasigny possèdent un artisanat (presque une industrie pour Semur) textile, plutôt autour de la laine, avéré pendant tout le XVIIe à Semur, et, au moins à la fin de ce siècle à Wasigny et dans la région de Rethel,
Je pense donc que Jacques Brouhet est lié au commerce de la laine, notamment sur l’axe Lyon-Flandres ; mais comment devient-on marchand lainier avec un père maître menuisier ? Cette activité de marchand lainier lui permet-elle, dans les années 1715-1720 (il a environ 35 ans), de se marier et d’acquérir la charge d’huissier royal à Wasigny ? D’après votre Théma n°2, on pourrait estimer le coût de cette charge à 600-800 £ ? Une somme possible à accumuler pour un marchand lainier ?
- le triage des laines (gravure tirée de l’Encyclopédie)
- "triage des laines", gravure tirée de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, planche II de l’article "Draperie", publiée dans le tome 20 (1763), reproduite par l’Université de Chicago dans le cadre du projet artfl, mené en coopération avec le CNRS
Est-ce que le commerce textile, lainier en particulier, fonctionne au XVIIe ou au XVIIIe avec des réseaux familiaux ? Autrement dit, Jacques Brouhet a-t-il pu exercer une activité de marchand lainier dans le Rethelois en liaison avec sa famille de Semur (peut-être celle de sa mère ou celle de sa grand-mère ?) ou même avec des cousins, installés à Troyes, à Reims voire dans les Flandres ?
Il est probable que des éléments de réponse à ces questions puissent être trouvées dans les archives des notaires, à Rethel ou à Wasigny (archives que je n’ai pu encore consulter), voire à Semur… Mais où pourrais-je trouver des précisions sur le commerce lainier en Bourgogne et en Champagne ou sur les coûts et revenus d’un marchand lainier ou d’un huissier royal dans un bourg rural des Ardennes, pour conforter ces hypothèses ?