Dans cette période de fin de conflit les élèves participent au recueillement sur la place du monument aux morts afin de rendre hommage à ceux qui sont « Morts pour la France ».
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Accueil > Documents > Témoignages > Tranche de vie chez les Bianloups (1939-1946)
Ce récit à caractère autobiographique concerne la période de 1939 à 1946 résumé en douze chapitres ; le plan chronologique reprend les phases successives vécues par l’auteur pendant cette période surtout marquée par la guerre et nous devons retenir que ce n’est pas août 1939 mais juin 1940 qui introduit une coupure dans l’histoire de notre XXe siècle. Ce n’est pas l’entrée en guerre, mais l’entrée en occupation qui bouleverse considérablement la vie quotidienne des Français.
Dernier ajout : le 26 octobre 2017.
Dans cette période de fin de conflit les élèves participent au recueillement sur la place du monument aux morts afin de rendre hommage à ceux qui sont « Morts pour la France ».
Paradoxalement, les enfants entrent dans une période de grands dangers ; la vie reprend son cours mais nos habitudes de jeux ont changé. Lors des patronages par exemple nous profitons de la naïveté d’un jeune séminariste spinalien qui aide notre curé, pour mettre en œuvre des jeux très dangereux...
Dans la matinée du Vendredi 22 septembre 1944, une jeep estafette, avec quatre Américains, arrive à toute vitesse. Ils s’arrêtent et demandent s’il y a encore des Allemands. Sitôt la réponse négative enregistrée, ils font demi-tour et c’est alors l’arrivée des troupes de la VII ème armée US du général Patch : une grande colonne de véhicules légers, puis des chars, des motos, des half-tracks et des hommes de troupe. C’est l’euphorie, une joie indescriptible de toute la population, les gens courent dans les rues, les drapeaux tricolores et américains sortent de toutes les maisons, les soldats donnent aussitôt du chocolat aux enfants.
Le 6 juin 1944, mon père revient du travail avec un grand sourire en disant : « ça y est, ils ont débarqué en Normandie ! ». Désormais, tous les soirs, il écoute le Général de Gaulle à la radio de Londres et il note sur sa carte la progression des alliés par des petits ronds dont la couleur change journellement. J’ai maintenant l’autorisation d’écouter cette voix du Général qui vient de l’autre côté de la Manche et dans le brouillage habituel le speaker annonce : « Ici Londres, les Français parlent aux Français ! ».
Après quelques mois de cette intense activité dans le ciel, les habitants s’habituent vite à ces alertes et ils ne font plus tellement attention aux sirènes stridentes ; ces « moulins hurlants », de la ville ou des usines, se déclenchent de jour ou de nuit préalablement aux passages des vagues de bombardiers. Les habitants sont maintenant informés que ces avions arrivent de Grande-Bretagne pilotés par des Américains voire des Anglais. A Epinal, la population ne descend plus dans les caves ou les abris publics et chacun pense, en toute confiance, que les bombardements sont exclusivement réservés à l’Allemagne. A peine si la nuit, le couvre-feu : ce camouflage de toute source de lumière, est assuré comme cela doit être la règle afin de ne pas être repéré.
Par une belle matinée ensoleillée de juin 1943, trois avions de chasse passent au-dessus du village en direction des anciens excavateurs installés dans les carrières qui sont situées le long de la Moselle. Le bruit des moteurs, très particulier, attire également l’attention des voisins alors qu’ils se dirigent en rase-mottes vers la ligne de chemin de fer. Des détonations retentissent puis un mitraillage soutenu. A tour de rôle ils mitraillent un train composé de wagons de marchandises : c’est l’embrasement quasi immédiat !
Mon père fait une nouvelle rechute pendant presque cinq mois ; ce sont les mêmes douleurs et de nouveau je vais chez mes grands-parents. Ces derniers vont deux fois par semaine jouer à la belote et au tarot chez nos voisins dont le père est l’un des responsables du poste électrique. Je suis content de retrouver mon copain Jean et ses deux sœurs Laure et Geneviève. Chaque fois nous organisons des jeux et ce sont des soirées passées dans la gaieté et l’insouciance. Le jeu permet d’oublier l’extérieur et tout ce qui se passe. Nous écoutons les conversations des adultes et il est question souvent des terroristes et d’un général de Gaulle qui parle sur un poste depuis Londres...
Un matin, vers 7h45 de cette fin d’année 1941, les Allemands placent un véhicule militaire à proximité du calvaire et organisent des perquisitions dans les maisons. C’est une surprise générale. Lorsqu’ils arrivent chez Serge et Robert ils découvrent des toiles de tentes militaires, des musettes, un masque à gaz, un poignard et une baïonnette rangés dans un grenier. Le gradé qui commande l’opération entre dans une violente colère et menace d’emmener leur père. C’est alors que je prends conscience d’une redoutable imprudence : le fusil caché dans le hangar !
Pour tous les enfants une nouvelle discipline du langage commence alors dans chaque famille. Ce nouvel apprentissage consiste à supprimer l’appellation : « les Boches » de la conversation courante, en particulier celle pratiquée dans la rue… Ma tante Marie va s’employer pendant plusieurs jours à me faire comprendre que ce mot ne doit absolument plus être prononcé et qu’il doit être remplacé impérativement et spontanément par : « les Allemands ». Un petit garçon de mon âge ne comprend pas très bien pourquoi subitement nos envahisseurs doivent brutalement changer de nom.
Nous venons d’apprendre que les parachutistes allemands sont entrés en Hollande vers le 10 Mai et que cette armée progresse rapidement. La moto de mon père vient d’être réquisitionnée. La voiture Renault de mon grand-père reste sur place à cause d’une panne. Quelques semaines plus tard des autochenilles et des camions de l’armée française arrivent devant chez moi. Les camions chargent le mobilier de bureau qui se trouve dans les baraquements construits au mois de décembre 1939 et partent vers une destination inconnue.
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